Gataca - Franck Thilliez

Franck Thilliez, je l'avais apprécié à ses débuts, avec des romans à l'intrigue originale et agréablement écrits. Ensuite, j'ai moins aimé, il était devenu trop gore pour être honnête, l'histoire disparaissant trop souvent derrière un rideau de fumée d'hémoglobine vomitive. Heureusement, l'auteur a mûri et dans ses derniers thrillers, on y meurt toujours, souvent avec violence, mais je n'en ressors plus nauséeuse et c'est tant mieux !

Comme le bon vin, Franck Thilliez bonifie avec le temps et Gataca est vraiment son meilleur roman. Un roman foisonnant et dès qu'on y entre, on sent que c'est du lourd, il ne s'agira pas simplement de meurtres en série ou d'un petit complot des familles. D'ailleurs, on peut lire à la page 322 : "Elle savait qu'elle était en train de mettre le doigt sur quelque chose d'énorme, d'insoupçonné, mais elle était absolument incapable d'en saisir l'essence." Eh bien, c'est exactement ce que j'ai ressenti bien avant dans ma lecture. 

De prime abord, le lecteur a l'impression d'être ballotté comme une coquille de noix sur l'océan, voyageant dans l'espace, le temps (avec une scène de crime tellement insolite entre Cro-Magnon et Néandertal), de l'infiniment grand (la forêt amazonienne) à l'infiniment petit (les méandres de l'ADN). Car Franck Thilliez a une imagination fertile et débordante, heureusement maîtrisée par un sens aigü du récit où le désordre apparent n'est en réalité que cohérence et logique. 

Il faut aussi saluer le fabuleux travail de documentation sur l'Evolution, le génome humain, la primatologie, etc. Surtout que l'auteur arrive à rendre intéressantes toutes ses explications scientifiques et les intègre parfaitement à l'histoire. S'instruire tout en se divertissant, voilà qui augmente encore le plaisir de la lecture.

Oui, je me souviendrai longtemps de cette jubilation à tourner les pages de ce grand roman écrit avec tant de talent.

 

Gataca - Franck Thilliez
(2011 - Fleuve Noir - 508p)

PS Quand j'étais enfant, je trouvais toute tordue la manière d'écrire de mes camarades gauchers et, entre nous, ils me semblaient un peu bizarres dans leurs différences. Eh bien, si j'en crois ce roman, j'avais bien raison de me méfier. Enfin, tout ceci n'est que littérature...