Fantômette et le trésor du pharaon - Georges Chaulet
Dans le cadre du Challenge Fantômette organisé par Les livres de George, je me suis replongée dans un de ces Fantômette qui ont bercé mon enfance de lectrice.
Le choix a été vite fait puisque ma bibliothèque en recélait déjà un exemplaire, déniché il y a quelques années sur une brocante, un vrai Bibliothèque Rose avec sa couverture épaisse et rigide.
Fantômette et le trésor du pharaon - Georges Chaulet
(1970 - Bibliothèque Rose - 184p)
Pour tout dire, je craignais un peu d'être déçue par ma lecture ou, pire, de détruire le souvenir ému de mes premières joies de lectrice. Eh bien, il n'en fut rien et c'est avec grand plaisir que j'ai redécouvert la Fantômette de mon enfance. Voilà qui prouve que Georges Chaulet n'était pas simplement un auteur pour la jeunesse mais, en tout premier, un véritable écrivain.
Tout d'abord, je me suis amusée en retrouvant l'époque de 1970 avec ses objets qu'on dit vintage aujourd'hui : le transistor, le microsillon et, surtout, ce "tonnelet de carton qui avait contenu de la lessive aux enzymes". Ah oui ! Je me souviens très bien de ces barils ronds de lessive qu'on transformait en corbeille à papier, ainsi que de ces enzymes immortalisés par Coluche.
Pour en revenir au roman proprement dit, l'histoire n'est pas du tout puérile. L'intrigue se tient, l'écriture est parfaitement rythmée, sans temps morts. J'ai apprécié particulièrement le ton facétieux avec, notamment, ces choix de noms propres : le professeur Pflafluff, le commissaire Maigrelet, le parti égyptien El Fatras, etc. Comme une complicité entre lui et le lecteur, l'auteur se permet aussi des plaisanteries que saura découvrir l'enfant attentif : "Le speaker annonça que le ministre de l'Agriculture venait de planter le premier chou de la région Languedoc-Normandie, et que la France avait exporté au cours de l'année écoulée trois mille tonnes de poil à gratter".
Au delà de cet humour qui m'a fait sourire, même adulte, j'ai été étonnée de voir la qualité de l'écriture, pourtant destinée à la jeunesse. Un vocabulaire élaboré mais compréhensible dans le contexte ("un escalier en colimaçon qui fleurait la moisissure") et un usage du subjonctif plus-que-parfait que je ne trouve pas ou peu dans les polars et thrillers actuels que je lis à longueur d'année ("un engin de pêche qui eût fait éclater de rire la plus stupide des truites"). C'est sûr qu'avec un tel français, les jeunes lecteurs pouvaient faire des progrès en rédaction !
Vous qui êtes parti au paradis des écrivains, je vous remercie, Georges Chaulet, d'avoir si joliment bercé ma jeunesse. Merci à toi aussi, George, de m'avoir permis de retrouver un peu de cette jeunesse grâce à ce challenge.
En faisant à cette occasion des recherches googlelesques, j'ai découvert que Fantômette était née la même année que moi, ce qui me la rend encore plus attachante. Fantômette, ma soeur de papier, longue vie à toi !