La onzième plaie - Aurélien Molas

Il est des gens doués. Pour moi, Aurélien Molas en fait partie. Ce roman, son premier, additionne les thèmes éculés (pédophilie, flics plutôt barges, des ripoux, la misère à tous les étages, etc.) et pourtant le résultat est unique, une véritable claque au lecteur ! Le monde est pourri, noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir, on ouvre ce roman qui le raconte et malgré tout, on en ressort follement réjoui devant cette écriture énergique et intelligente. L'humain est capable du pire, le talent de certains permet de mieux le supporter. Enfin, c'est mon avis.

Pourquoi ce roman n'est pas un énième polar banal de chasse aux pédophiles ? D'abord l'auteur ne s'attarde pas sur les scènes avec les enfants, il suggère plus qu'il ne montre l'horreur (et c'est tant mieux !). Dans le découpage de l'histoire, on voit bien qu'Aurélien Molas a travaillé dans le cinéma : les scènes se succèdent, rapides, avec des décors bien décrits qui aident à ancrer les personnages dans le réel. La construction de l'intrigue est faite de plusieurs enquêtes qui finissent évidemment par se rejoindre, exactement ce que j'aime, je l'avoue.

Les policiers à l'oeuvre dans cette histoire, même s'ils travaillent en équipe, même s'ils connaissent amitié ou amour, restent toujours seuls face à leurs doutes, leurs incertitudes. En filigrane, d'une manière subtile, l'auteur dépeint avec beaucoup d'humanité cette solitude que nous portons tous en nous, sans verser pour autant dans la désespérance. Cet aspect du roman m'a touchée aussi.

En conclusion, ce polar est un livre coup de poing, vrai et puissant à la fois. J'ai vraiment hâte de relire cet auteur.

La onzième plaie - Aurélien Molas
(2010 - Albin Michel - 412p)