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La cuisine des mots ribonds
10 mai 2008

Garden of love - Marcus Malte

De Marcus Malte, je connaissais Le lac des singes paru en 1997. Le vague souvenir d'un polar bien ficelé, sympa mais sans plus. Suffisamment tout de même pour que je garde le nom de l'auteur dans un coin de la tête. Et cette semaine, je suis tombée sur Garden of love et là, je suis tombée en amour. Rien de moins.

Une histoire de meurtres et d'enquête, mais ce n'est pas un roman policier ou un thriller, non, c'est de la littérature. L'auteur utilise des éléments on ne peut plus classiques : une série de meurtres, un tueur manipulateur (mes préférés !), des blessures d'enfance qui ronge de l'intérieur, un flic qui flirte avec les limites de la légalité, sa vie personnelle est phagocytée par son métier et il sombre dans l'alcoolisme. Bref, rien que du très banal.

C'était sans compter avec le talent de Marcus Malte qui transcende ces éléments pour en faire un voyage inoubliable. A part l'intro, le récit est fait à la première personne. Mais, au fil des pages, le lecteur s'aperçoit vite que, parfois, je est un autre. Il doit donc apprendre à jongler entre la réalité, la fiction, les fantasmes des personnages. L'auteur nous laisse nous dépatouiller seuls, nous devons retrouver sans aide aucune notre chemin dans les méandres de ce jardin à l'anglaise.

C'est une idée simple en fait, mais sublime. Désorienté, le lecteur ressent d'autant mieux les incertitudes, les doutes du héros dans sa quête de la vérité. Je suis toujours impressionnée quand un écrivain arrive à faire passer des idées non pas par le sens des mots et des phrases mais simplement par sa manière d'écrire. L'histoire n'a aucune espèce d'importance intrinsèquement, seul compte le message qui passe par le canal de l'écriture. Ce que j'avais ressenti en lisant Le cercle de la croix de Ian Pears.

Et puis, il y a le style. Des phrases ciselées, hyper travaillées, mais où, justement le travail s'efface devant l'évidence. Je n'aime pas avoir conscience qu'un écrivain est content d'une phrase, sentir tout le côté laborieux de l'écriture. Marcus Malte écrit bien et les mots coulent de source. Enfin, c'est l'impression qu'il laisse et j'apprécie.

Garden of love me fait penser à certains plats. Avec des ingrédients simples de la cuisine de tous les jours mais que  la cuisinière a réussi à transcender par une préparation minutieuse et inspirée. Quand on goûte une bouchée de ce plat, on oublie tout ce long travail et on se laisse emporter par le plaisir des saveurs et des goûts.

Bref, vivement que je lise un autre de ses livres !

9782843043895

Garden of love - Marcus Malte
(2007 - Zulma)

Une citation que j'en garde : "Ma conclusion est que le mal-être finit par devenir une sorte de seconde nature. On y tient. On s'y vautre. Et l'auto-complaisance est l'une des meilleures nourritures que je connaisse pour l'alimenter."

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