La croix de perdition - Andrea H. Japp

Ce roman policier historique reprend les personnages de Monestarium mais peut être lu indépendamment (heureusement car j'en ai hélas oublié tous les détails). Il s'agit d'un huis-clos au fin fond du Perche, dans l'abbaye des Clairets coupée du monde au milieu de l'hiver 1308.

C'est d'abord un polar avec sa série de meurtres énigmatiques qu'arrivera à décrypter une fine équipe de personnages hauts en couleur. Une histoire originale, un rythme haletant, une intrigue bien construite, bref du très bon Andrea Japp telle que je l'ai connue dans la série avec Gloria Parker-Simmons. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est l'utilisation faite du fantastique. Jusqu'au bout on se demande si les effets surnaturels de cette croix de perdition existent, si ce jeune homme plus que centenaire a découvert la clef de l'immortalité. Heureusement, faisant fi des dei ex machina trop souvent invoqués par maints auteurs pour se dépêtrer d'un scénario confus, Andrea Japp nous déroule un raisonnement logique qui explique de manière rationelle ce qui semblait surnaturel.

C'est ensuite un roman historique hyper documenté avec un luxe de détails concrets qui créent le sentiment de partager la vie quotidienne de ces nonnes. L'équilibre est parfait à mes yeux entre un vocabulaire d'époque et la facilité de compréhension d'un lecteur contemporain. Mais le plus intéressant reste pour moi cette découverte de l'esprit médiéval, cette manière particulière d'appréhender la mort, la science, Dieu, la religion, la place des femmes, des handicapés dans la société, etc.

La Croix de Perdition fait partie de ces romans foisonnants qui donnent au lecteur le sentiment d'être un peu plus riche après l'avoir refermé.

La croix de perdition - Andrea H. Japp
(2008 - Calmann-Lévy - 346p)