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La cuisine des mots ribonds
10 juillet 2012

De fièvre et de sang - Sire Cédric

Comme je lis beaucoup, je peux me permettre de temps à autre d'ouvrir un bouquin qui ne m'inspire pas totalement. Au mieux, je fais une agréable découverte. Au pire, je n'en apprécie que plus les bons romans lus par après.

C'est avec cet état d'esprit que j'ai commencé ce thriller dont l'éditeur m'est inconnu. La couverture mais surtout le pseudo de l'auteur et sa photo m'évoquaient la littérature pour gamine gothique. Bref, rien de bien folichon à priori pour moi.

sire-cedricfait peur, le Sire Cédric !!!

Effectivement, le début est du pur roman pour adolescente. Enfin, en version gore, très gore même (je n'aurais pas voulu que ma fille lise cela il y a une dizaine d'années). Et puis, au fil des pages, étonnée, je me suis surprise à apprécier réellement ma lecture.

Manifestement, l'auteur maîtrise certaines techniques d'écriture. Le rythme est enlevé, la trame bien construite. Il y a les héros qu'on attend, un flic de province et une profileuse parisienne, avec juste les parts d'ombre qu'il faut pour appâter et piéger le lecteur. Surtout, contrairement à bien des écrivains français de thrillers, Sire Cédric ne lorgne pas du côté des Américains et écrit du roman français. Il nous balade ainsi entre Arriège, Aveyron et Paris, nous offrant de vraies descriptions, des gendarmes et des phallocrates bien de chez nous avec, en prime, des anecdotes sanguinolentes sur une sombre comtesse hongroise du 17ème siècle et une ancienne tribu de barbares de là-bas.

Par contre, je trouve que l'auteur maîtrise moins bien le côté fantastique de son récit. Un peu d'ésotérisme qui pimente le polar, je ne suis pas contre mais j'estime que l'irrationnel dans un roman doit être élaboré de manière rationnelle sinon c'est trop facile d'invoquer des dei ex machina pour tenter l'originalité. Par exemple, j'aurais aimé que le panthéon en question soit un tant soit peu décrit. Les dieux, les dieux, c'est bien gentil mais qui sont-ils, que font-ils ?

Autre déception : la grande scène finale avec intervention des dieux. Là, on se croirait dans un téléfilm français qui voudrait copier une superproduction américaine tout en manquant sacrément de moyens. Pourtant, les mots sont gratuits et après ces déluges de sang, j'attendais un peu plus de spectacle. Dommage, il manquait quelques pages à ce roman pour me combler. Certes, il compte près de 450 pages mais, avec 103 chapitres, il y a pas mal de blanc, heureusement sans cette désagréable sensation de zapping incessant ressentie dans le dernier Aurélien Molas.

En conclusion : bon départ mais peut mieux faire ! Je lirai donc avec curiosité et espérance les prochains romans de cet écrivain qui gagnera en maturité, c'est certain.

defievreetdesang

De fièvre et de sang - Sire Cédric
(2010 - Le Pré aux Clercs - 447 p)

NB Comme il est indiqué sur la quatrième de couverture que Sire Cédric est aussi musicien, je m'en suis allée écouter sur la Toile quelques extraits de son oeuvre. Bien, sa musique, c'est comme ce roman, bien propre mais un peu mou du genou. Il faudrait quand même qu'un jour on m'explique pourquoi les jeunes d'aujourd'hui font et écoutent de la musique de vieux. Parce que, mine de rien, Sepultura, ça date tout de même de 1984 et il serait temps que les nouvelles générations inventent tout autre chose, non?

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